Le matin, je suis la première à ouvrir les yeux et je sors de la tente à 7h30 armée de l’appareil photo. Si on est venus ici, c’est qu’on nous a promis des carpinchos. Effectivement, il y en a plein la rive opposée !
Carpinchos du matin
Après quelques photos prises de là, je me rapproche d’eux bien qu’ils aient l’air particulièrement peureux. Eux sont trouillards, moi je suis patiente pour avoir une jolie photo, on verra qui va gagner. A peine arrivée sur les plages où ils se trouvaient, ils décampent tous dans la forêt. C’est pas gagné. Je m’assois au pied d’un arbre et vois trois petiots qui sont restés tranquilles, leur mère (ou père allez savoir) est à l’eau d’après ce que j’ai eu le temps de voir. C’est parti pour l’attente.
3 petits à qui les parents auront dit de ne pas bouger...
Au bout d’un petit quart d’heure, croisant les doigts pour que les gouttes qui tombent par moment ne deviennent pas plus grosses, la récompense arrive. Un carpincho pointe son nez en haut de la pente, je suis en bas accroupie contre un arbre avec des fourmis dans les jambes. Je n’ose plus respirer et il me semble que l’appareil photo fait un bruit de bulldozer avec son autofocus. A petits pas, le plus gros rongeur du monde s’approche de moi sans jamais me perdre des yeux.
Un courageux
Pour ce moment là j’aurais été prête à me lever bien plus tôt ! Il continue sa descente et me fait complètement face par moment. J’ai beau savoir que si je me lève il partira vitesse grand V, je suis tout de même impressionnée par la bête et me demande ce qui lui passe entre les oreilles. Arrivé tellement proche qu’il ne rentre plus dans le cadre de l’appareil même sans zoom, je pense être alors en train de battre le record du monde d’apnée.
Grosse bête !
Et il repart comme il est venu…Je respire tout en me demandant ce qu’il a bien voulu faire, simplement heureuse de l’instant…Mais ce n’est pas fini ! A peine a t’il disparu dans la forêt que le revoilà. Enfin, LES revoilà ! Ils sont quatre, deux grands et deux petits. Le premier sera certainement venu vérifier courageusement ce qui était au bord de l’eau avant d’assurer sa famille qu’il n’y avait pas de danger…Il est tout juste 8 heures mais j’ai gagné ma journée…
En famille
Daniel arrive enfin et euphorique je lui montre mes photos. On repart vers les plages à carpinchos, et de nouveau ça décampe dans tous les sens bien que nous tentions d’être discrets. Nous pourrons prendre des photos de baignade, et à force de patience, quelques autres de ces boules de poils au bord de l’étang.
A l'eau !
De retour à la tente, nous plions le matériel et allons saluer nos hôtes. Il pleut, nous n’allons donc pas rester plus longtemps bien que l’endroit soit prometteur. Direction Moconá. Sur la carte, deux options à partir de San Pedro. Une asphaltée, 160km, l’autre non, 80km. Nous avons une bonne voiture, un pilote relativement expérimenté, c’est parti pour l’option courte. Assez vite, nous voyons deux toucans pico verde.
Tucan Pico Verde
Dire qu’à Iguazú on n’a pas réussi à en voir la queue d’un ! Le terrain est rendu bien collant par la pluie, mais ça passe toujours, au pire avec une petite glissade de l’arrière. Pause sandwich et ça repart. Je finis par dire à Daniel qu’il était conseillé dans le guide de prendre des renseignements à San Pedro avant de se lancer sur cette piste, pour savoir si elle était praticable ou non. Arrivant à la conclusion commune que même si quelqu’un lui avait dit de ne pas y aller, il aurait voulu essayer, on continue. Mais nous sommes bien conscients que se lancer là dedans tous seuls, sans aucun outillage, ni même une longe à attacher à un arbre, sans réseau téléphonique ce n’était pas bien malin.
Les collines de Misiones
La voiture avant le pire passage du trajet
La terre rouge colle à la voiture et la boue passe par-dessus le toit lors des traversées de flaques. A 10km de l’arrivée, ça se complique sérieusement, et comme toujours dans ces cas là nous n’avons pas fait de photo, Daniel occupé par la conduite et moi lui indiquant depuis dehors où diriger les roues de la voiture. Les camions qui passent ici par temps de pluie ont creusé d’énormes tranchées dans la piste. Il faut absolument réussir à faire monter la voiture sur le haut des traces, sans quoi le bas de caisse touchera la boue et la voiture restera collée sur place. Et nous à pied pour la distance restante pour aller chercher du secours. Daniel met les gaz, ça patine, ça hésite, ça repart en arrière et on recommence. Les roues avant montent, mais les roues arrière glissent sans cesse sur la boue. Au troisième essai, pas le choix, gaz à fond et la voiture part en crabe sur une quinzaine de mètres jusqu’à enfin crocher pour monter sur le haut des traces ! C’est bon, on pourra avancer encore un peu avant de finir à pied ! Finalement, il s’avèrera que ce passage était le plus difficile. Nous traversons encore de belles mares de boue, mais la voiture avance franchement.
Nous allons vite faire une pré-visite au parc, pour savoir quoi y faire le lendemain. Un Daniel de San Rafael nous accueille. Le monde est petit ! Il est ahuri de savoir que nous sommes passés par la route 21, lui ne recommande ce chemin à personne. Il nous encourage à aller passer la nuit au refugio Moconá où nous nous verrons le soir même car il va y manger avec ses collègues. Il nous annonce déjà que c’est cuit pour l’expédition en bateau au pied des chutes, trop d’eau dans la rivière.
Le río Urugua-i
Au refuge, nous somme froidement accueillis par le gérant. Il y aurait eu d’autres options, nous serons certainement partis, d’autant que ce n’est pas donné. Mais il est tard et il n’y a rien d’autre. On plante la tente et on partagera l’asado que les garde-parc sont venus manger aussi. Dans le fond du parc, on revoit le camion des allemands, croisé au Salto Encantado, mais toujours pas trace de leurs occupants.